LE CHEMIN DE ST-JACQUES-DE COMPOSTELLE
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- AVRIL 2007 LE PUY- EN- VELAY AUBRAC
- AOUT 2007 AUBRAC FIGEAC
- AOUT 2008 FIGEAC BACH
- MARS 2009 BACH MOISSAC
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SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE - SANTIAGO DE COMPOSTELA ville d'Espagne en GALICE. -
« C'est à la légende de la translation des restes de St-Jacques le Majeur en Galice et à la découverte (IXème s.) de prétendues reliques du martyr que se rattache la fondation de la ville.
L'Evêché d'IRIA FLAVIA y fut transféré dès les premières années du Xème s. Le pèlerinage prit de l'ampleur au XIème s, avec la Reconquista. Pendant tout le moyen âge, il attira de toute l'Europe des foules considérables qui suivirent les chemins de St- Jacques ».
Ainsi ce pèlerinage célèbre vers lequel convergent, suivant des itinéraires déterminés, des croyants de l'Europe entière garde aujourd'hui toute sa force.
En avril 2007, Bruno décidait d'être un de ces Pèlerins ; sa Compagne Sylvie partageait ce projet ; ils partiront du PUY-EN-VELAY ; Bruno me racontera plus tard sa joie d'avoir été lors d'une cérémonie religieuse rebaptisé et j'aurai la satisfaction d'avoir en souvenir, une médaille de la Vierge que je porte quotidiennement.
Leur première marche fut laborieuse et c'est à AUBRAC qu'ils décidèrent de s'arrêter du moins pour cette fois.
A la fin de l'été, nous avons eu la joie, une amie et moi, de les retrouver à AUBRAC et de partager une agréable soirée ; le lendemain, ils reprenaient le chemin de St- Jacques jusqu'à FIGEAC.
En 2008, nous avions rendez-vous à FIGEAC sur le Pont qui domine le LOT ; j'ai eu le plaisir de les voir et de me joindre à eux pour quelques heures dans la vieille Ville.
Le lendemain, de bon matin, J'étais amusée de les voir dans leur tenue de marcheur, sac au dos, bâtons en mains, de solides chaussures de marche bien sûr et l'œil gaillard mais il leur fallait chaque jour beaucoup de courage.
Ils reprirent leur chemin vers CAJARC, puis ils optèrent pour une halte dans la nature, le panneau CAMPING était en bordure de chemin, un Responsable les accueillait, il dirigeait ce camping constitué notamment par de jolis mobile-homes.
Ils terminèrent le lendemain à BACH.
En Mars 2009, Bruno était impatient de retrouver la nature, son silence propre à la méditation et à la prière, ces chemins qu'il affectionne ; l'hiver ayant été rude, il consultait activement une météo très avisée chargée de lui donner le feu vert !
Enfin, dans la deuxième quinzaine de mars, les jours s'annonçaient radieux mais Sylvie ne pouvait cette fois se libérer alors je lui ai proposé de faire « la voiture-balai » et la dame sandwich-Badoit ! Réserver les gîtes serait pour moi, une opération plus compliquée, mais en « formation accélérée », c'était une question de temps !
Bref, après m'avoir donné son accord, Bruno est arrivé à Bordeaux et nous avons pris la route le 19 Mars, il faisait un soleil merveilleux.
Aucun problème de circulation, j'avais au départ pris le volant, emprunté les boulevards et à la hauteur de Bègles, nous retrouvions l'autoroute direction Agen ; nous roulions en bavardant, échangeant à la fois nos problèmes, nos moments de satisfaction, nos projets, l'actualité, c'était un vrai bonheur !
Enfin, nous marquions un arrêt café/chocolat, minute de réconfort où Bruno répondait à l'appel d'une de mes amies ayant perdu depuis des mois, le goût et l'odorat et petit à petit, l'espoir de les retrouver ! Après lui avoir donné de sages conseils, nous reprenions la route et Bruno le volant.
Nous cherchions alors BACH ; la nature était belle, les arbres nous offraient leurs premières fleurs, le printemps était arrivé !
Soudain, en bordure de route, nous avons aperçu deux dames entourées de sacs et à l'arrière plusieurs voitures en stationnement.
Arrivés à leur hauteur, elles nous indiquent être en panne. Naïve jusqu'au bout des ongles, je pensais spontanément chercher pour elle un garage ! Bruno plus réaliste, invite ces dames à monter dans la voiture et à mettre leurs sacs sur leurs genoux ; en fait, elles faisaient du stop ! 85 ans et 60 ans, mère et fille parait-il, c'était cocasse !
Quelques kilomètres plus loin, nous les arrêtions à un rond-point en leur souhaitant bonne chance, elles voulaient aller à ST-CIRQ-LAPOPIE ! C'est en effet un très joli village où les touristes sont nombreux, pour elles, l'aventure continuait, il n'y a pas d'âge !
Nous arrivions à BACH ! Une petite Auberge sympathique avec terrasse « LOU BOURDIE » nous attendait ! Se restaurer à plus de 13 heures, c'était le grand moment ! Excellent accueil, bonne omelette, un petit vin du pays...
Notre Pèlerin consulte le manuel des gîtes, prend son portable, l'affaire est conclue, nous serons au gîte de POUDALLY à 3 kilomètres du village de LALBENQUE, en pleine nature et il part avec courage car le soleil est généreux !
Pour ma part, mon programme est cool ! Respiration profonde dans cette campagne, écouter le chant des oiseaux, faire courir ma plume pour résumer notre périple et enfin, continuer mes lectures par-ci, par-là … mais ne pas oublier le sandwich et l'eau ! C'est un travail à plein temps ! J'ai visité l'Eglise de Bach du XIIème s et j'ai repris doucement le volant direction LALBENQUE.
Le Centre du village regroupait quelques petits commerces dont la presse, je me dirigeais vers le gîte.
Le Comité d'accueil était dans le pré ! Il s'agissait de deux ânes intrigués par mon arrivée ! Quelques secondes après, la propriétaire surgissait et notre bavardage commençait. Nous avions devant nous une ancienne ferme dont la rénovation remontait à deux ans et conçue pour accueillir des Pèlerins ; à l'arrière, une extension était en cours ; je visitais l'ensemble, c'était un gîte plaisant crée tout à fait aux normes actuelles et dont les pierres apparentes apportaient un charme de plus.
Invitée à prendre un rafraichissement, notre bavardage continuait car nous attendions notre Pèlerin.
Les jeunes propriétaires étaient d'anciens bordelais qui avaient quitté la ville car ils étaient trop stressés ! Nés à la campagne, ils ne pouvaient s'adapter à aucune ville, même moyenne.
J'avais appris lors de l'appel téléphonique, qu'ils passaient la soirée chez des amis, mais notre repas serait prêt, nous serions les propriétaires d'un soir !
Notre Pèlerin a alors surgi d'un chemin, j'ai compris sa fatigue car dans l'après-midi la température avait été estivale, (23° en mars) ! La minute de réconfort venait de sonner et les grands verres d'eau n'étaient pas loin !
Peu après, nous faisions un saut au village en voiture afin de consulter la presse, à notre retour, un agréable repas nous attendait.
Dans la soirée, ayant pris nos chambres respectives, je remarquais un léger détail… ! La clé de ma chambre ne tournait pas dans la serrure ah ! Quelle bonne surprise ! Sur le moment, mon cerveau a pas mal gambadé, fort heureusement le sommeil a pris le dessus et le lendemain, j'appréciais doublement un bon petit déjeuner !
Dans les campagnes, c'est fréquent, tout est ouvert de jour et de nuit ! Par contre, en ville, nous vivons pratiquement la clé à la main du moins pour certains ! Tout est question d'habitude !
Une belle journée s'annonce à nouveau, Bruno reprend son chemin, nous nous retrouverons vers midi ; reliés par nos portables, nous avons une organisation hors pair !
Et pourtant direction Cahors, rien à l'horizon !
Je pense au sandwich ! bien sûr j'aurais dû le prendre au village ! J'essaie de rattraper mon inexpérience par une entrée dans la ville, ainsi, en bordure du lot, je finis par apercevoir une terrasse et arrivée à hauteur, il s'agit bien d'un petit restaurant ; je me gare, l'accueil est excellent, je dois me diriger vers les cuisines où le chef va me préparer un solide sandwich, c'est gagné !
Une bouteille d'eau suivra … et je repars dans la nature où un appel de Bruno me donne sa position non loin de la route, assis auprès d'un arbre !
Superbe, pas de problème, j'adopte pour la voiture un peu d'ombre et le sandwich trouve immédiatement preneur, mais quelle chaleur pour un mois de mars ! Notre Pèlerin est revenu à la vie ! Il reprend sa marche.
J'ai retenu par téléphone nos chambres à l'Hôtel de la Paix à CAHORS en plein centre, seule possibilité. Ancien Evêché avec sa Cathédrale St ETIENNE (église à coupoles, XIème XIIIème s,) CAHORS est le Centre commercial et industriel du Quercy. Le Pont de Valentré est du XIVème s, les bords du Lot sont jolis mais l'intérieur de la ville offre des rues très étroites, il est difficile de visiter et encore moins d'y accéder en voiture et de stationner !
J'arrive à l'hôtel, je prends possession des clés des chambres, apprécie une boisson fraiche et installée dans l'une, je me repose un peu.
Puis, repartie dans la ville, j'ai un appel de Bruno, il arrive, je lui précise la situation de l'hôtel et nous nous retrouvons ; à son tour, il prend un peu de repos et nous assistons après, à une messe à la Cathédrale.
A l'hôtel, une dame nous recommande un restaurant, nous y allons et surprise, le chef avait travaillé à Mérignac et le jeune couple à côté de nous, avait habité Pessac et Talence mais tous préféraient CAHORS à BORDEAUX j'étais bien étonnée ! Nous avons passé une bonne soirée, pris un repas simple mais agréable rehaussé d'un excellent vin de Cahors sélectionné par Bruno et qui a étonné nos papilles ! Chacun sait qu'un vin n'a pas besoin d'être de messe, pour être bu religieusement !
Le lendemain, après un petit déjeuner, notre Pèlerin téléphone et réserve à LASCABANES, contigu à ce gîte municipal, il y a une église avec bénédiction à 18 heures, en fait il s'agira d'une messe.
Bruno repart en direction de Labastide-Marnhac, pour une dizaine de kilomètres ; de mon côté je flâne dans la ville, le ciel est toujours bleu, l'animation est grande car c'est un jour de foire mais cette fois je n'oublierai pas le sandwich ; enfin, je reprends ma voiture et me dirige vers ce premier village.
A l'entrée, je marque une halte et j'attends notre Pèlerin.
Bruno me rejoint, il est 13 heures, un jeune chien vient partager notre pique-nique, il semble raffoler du biscuit LU !
Marcher est éprouvant car il fait vraiment très chaud et contrairement à ce qu'il nous est parfois dit, le terrain est loin d'être plat ! Cependant il faut offrir cette souffrance à Dieu, c'est le but de ce chemin de St-Jacques.
Ces petits arrêts sont toujours les bienvenus mais Bruno retient le rendez-vous du soir où il sera en avance sur l'horaire.
Ces quelques maisons disséminées dans la nature me laissent perplexe ! J'imagine la vie des habitants, « ravitaillés par les moineaux » !… Nul doute qu'il faut y être né.
Enfin, Bruno restauré et reposé reprend le chemin ; de mon côté je me dirige vers ce nouveau gîte.
Quelques kilomètres encore et je découvre à droite le panneau recherché gîte de LASCABANES, « LE NID DES ANGES » une côte sévère me conduit vers un vaste jardin qui précède le gîte et l'église; le tout est très joli ; les arbres sont en fleurs, une imposante statue de la Vierge veille sur cet ensemble accueillant, tables et bancs attirent le visiteur. Je me gare et pénètre dans le gîte, deux jeunes filles lisent, elles se présentent gentiment, elles sont néerlandaises, la Responsable des lieux a déjà fait des allées et venues mais elle revient, je l'ai rencontrée.
Je m'installe sur un banc pour admirer à nouveau la nature et respirer ce bon air dans le silence total, quel bien-être !
Puis, je reprends la voiture, Bruno n'est pas loin et il pourrait chercher cet endroit ; en effet, le voilà sur la route, je le guide et nous nous retrouvons sur les lieux, il a un bon quart d'heure d'avance sur l'horaire de la messe.
Le Prêtre est présent sur les marches de l'église, nous nous avançons vers lui pour le saluer ; souriant et sympathique il nous invite à entrer.
Nous prenons nos places car nous serons les seuls fidèles.
Bruno est le premier pèlerin de l'année 2009, à ce titre il aura l'insigne honneur de bénéficier du lavement des pieds (des apôtres par le Christ), cette cérémonie commémore cet acte et le Prêtre y procède avant de célébrer la messe, puis celle-ci commence.
Nous sommes alors dans une intimité et un recueillement profonds car nous ne sommes que tous les trois, Bruno est invité à lire les psaumes, « celui qui cherche Dieu parfois dans le noir, mais du fond de son cœur, le trouvera et sera comblé » «Le Seigneur est bon pour ceux qui le prient et s'efforcent de marcher droit dans l'existence » et le Prêtre poursuit cette messe en lisant l'Évangile, message du Christ. C'est avec beaucoup d'émotion que nous partageons aussi ce moment exceptionnel et fort qui est la Communion.
La messe terminée, nous remercions vivement le Prêtre ; ce dernier nous demande nos prénoms afin de prier pour nous ; il souhaite à Bruno une bonne continuation dans cette épreuve de chaque jour et beaucoup de courage.
Nous sommes heureux, c'était un grand moment.
Nous retrouvons la propriétaire du Gîte et les deux jeunes filles pour un agréable repas ; Bruno aussi bavard en français, qu'en anglais ou en espagnol apportera une note sympathique et nous passerons une bonne soirée. Ces solides marcheuses, étudiantes, l'une en archéologie, la seconde ayant opté pour un professorat de géographie, partent de bon matin pour effectuer plus de 25 kms par jour, nous les reverrons d'ailleurs au hasard des prochaines haltes.
Le lendemain nous partagerons le petit déjeuner et chacun reprendra sa route.
Le ciel est toujours aussi bleu et la nature aussi belle, c'est une très jolie région
Notre prochain rendez-vous sera au village de Montcuq, face à l'église à midi et Bruno reprend ses bâtons de Pèlerin !
De mon côté, avant de reprendre la route, je découvre le Domaine de ST GERY, Châteaux et hôtels de France, ce dernier est dans le prolongement du site de LASCABANES.
Il comprend une truffière, une exploitation agricole et des sentiers de randonnée, il dispose de chambres réparties dans divers bâtiments. Leur décor mêle l'ancien et le moderne.
Enfin, je me dirige vers Montcuq.
Tout le village est en émoi, c'est le jour de la foire, il règne une belle animation, je dois me garer à l'entrée et continuer à pied.
Abordant la descente, je regarde tous les fruits, légumes et volailles exposés sur des tréteaux dans de grands paniers d'osier ; les gens sont gentils, ils proposent dans la plus grande simplicité leurs produits ; je repère plusieurs commerces et une terrasse pour la prochaine halte de Bruno ; l'heure du rendez-vous n'est plus loin, je reprends cette marche en sens inverse, j'arrive à la hauteur de l'église, notre Pèlerin n'est pas arrivé, pas de réseau sur mon portable et douce ironie, un jeune me croise en bavardant allègrement avec le sien ! Je change de tactique … Je vais bavarder avec l'un de ces propriétaires qui me précise l'endroit où les Pèlerins arrivent, puis il emprunte le portable d'une jeune femme et nous pouvons joindre Bruno, il n'est pas loin. Je remercie vivement ce brave homme très habitué aux marcheurs de St-Jacques.
Notre Pèlerin est arrivé, je le présente à ce couple sympathique et nous partons en direction de la terrasse mais détail amusant, Bruno achète des amandes et des noisettes à un jeune responsable du stand mais qui ignore les prix ! C'est superbe !
Enfin, après avoir acheté quelques cartes humoristiques de ce village, nous prenons place dans ce café-restaurant où Bruno apprécie la nourriture, la boisson et le repos, moi aussi !
Toujours un temps de rêve, est-ce possible !
Après ce bon moment de détente notre Pèlerin reprend sa marche, nous nous donnons rendez-vous à LAUZERTE au gîte des figuiers, chemin de Coudounier, au cœur de la « Tolède du Quercy » ; nos places sont réservées.
Je prends alors la route, direction LAUZERTE et je cherche ce gîte. Je monte dans la Cité Médiévale, je me renseigne et redescends le chemin pour découvrir à moitié niveau, le gîte des figuiers qui n'est autre qu'une maison moderne avec piscine, le tout, dominant ce village, cette maison étant conçue pour accueillir une quinzaine de pèlerins. Les propriétaires sont accueillants et je retrouve oh ! Surprise, les deux jeunes filles déjà rencontrées, toujours en pleine forme malgré les kilomètres parcourus.
A l'arrivée de Bruno, nous marquons un temps d'arrêt, visitons nos chambres et sur les conseils des propriétaires, nous opterons le soir pour une pizzeria située à deux pas ; excellente pizza d'ailleurs et servie dans une ambiance agréable.
« A l'origine, la Colline de LAUZERTE était un oppidum gaulois. Son nom actuel date des environs de l'an mil. Tiré du latin « lucerna » lampe, il désigne une position idéale, visible de loin comme une lumière.
A la fin du XIIème siècle le Comte de Toulouse reçut la Colline en don « afin d'y bâtir un Castelnau. La fondation d'un intérêt stratégique et « économique connût un succès immédiat. Etape des Pèlerins de Compostelle, « cité commerçante, peuplée et riche, LAUZERTE est un des plus beaux Castelnaux fondés dans le midi ».
Lundi 23 mars à 9 heures, nous quittons le gîte des figuiers ; Bruno s'éloigne dans la nature. Pour ma part, je retrouve mon volant et me dirige dix kilomètres plus loin, vers le Relais de St- Jacques à Durfort-Lacapelette. En réalité nous nous retrouverons à « l'Aube Nouvelle » pour bénéficier à l'extérieur, au grand soleil, d'un modeste plat et d'un dessert avec bien sûr un rafraichissement très attendu.
Deux heures de détente et nous partons vers MOISSAC (distance annoncée 14 kilomètres).
Cette ville clôturera demain, une marche difficile où le soleil était très présent et les côtes bien sévères.
J'arrive aux « Crêtes de Pignols ».
Cet hôtel situé avant MOISSAC, en pleine nature, domine toute la ville, Bruno a réservé deux chambres ;
Sur les coteaux du QUERCY, le lieu dit PIGNOLS évoque les nombreux pins ou sapins présents dans la campagne environnante, l'hôtel se trouve dans un site privilégié où il fait bon vivre loin du bruit.
Notre Pèlerin va pouvoir se restaurer et surtout apprécier un calme total, c'est un excellent endroit, il y a peu de monde, c'est vraiment un havre de paix.
Le lendemain matin, nous prenons notre petit déjeuner et Bruno reprend ses bâtons pour un dernier effort, direction l'Eglise de Moissac où nous nous retrouverons à 13 heures.
J'ai plaisir à évoquer cette carte du Pèlerin :
« A la fin de sa vie,
un homme regarda en arrière
et vit que, tout le long du chemin,
il y avait quatre empreintes de pas
sur le sable, les siennes et celles
de Dieu. Mais dans les moments
difficiles, il n'y en avait plus
que deux ! Très surpris, et même
peiné, il dit à Dieu : « je vois que
c'est justement dans les moments
difficiles que tu m'as laissé seul … »
« Mais non ! lui répondit Dieu, dans les
moments difficiles, il y avait seulement
les traces de mes pas à moi, parce qu'alors …
je te portais dans mes bras … »
ANNEE 2009
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MOISSAC Chef lieu de Canton du Tarn- et-Garonne est une halte majeure sur le Chemin de St-Jacques-de-Compostelle (accueil privilégié des pèlerins).
Riche de 1000 ans d'histoire, Moissac offre un patrimoine d'exception, de son ensemble abbatial, dont le cloître et le tympan sont classés au patrimoine mondial de l'humanité, à son architecture des années 30.
Soulignons l'église St-Pierre (XIIème-XVème s,) .
Nous arrivons au terme de ce périple dont nous gardons un excellent souvenir et notre Pèlerin reprendra son chemin de St- Jacques-de-Compostelle au mois de MAI 2009.
Gastéropode et pèlerin de Saint Jacques de Compostelle
Petit animal arthropode
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Court récit
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Cloporte n. f. : Petit animal arthropode (isopodes) qui vit près des habitations sous les pierres, dans les lieux humides et sombres.
***
Vers vingt deux heures trente, j'ai quitté la pierre sous laquelle je vis. Elle est située non loin d'autres habitations ; mais je m'y aventure rarement. Pas assez humides, pas assez sombres à mon goût.
A la façon d'un mollusque gastéropode terrestre herbivore, j'ai enfilé ma maison sur le dos et dévalé la rue de Lancry jusque la termitière la plus proche Ligne 5 direction Gare d'Austerlitz.
Gros Nounours m'attendait non loin d'un distributeur automatique de saloperies, genre bourrées de sucre. On a fait des réserves car devant nous, il n'y avait que du vide.
Le train a démarré à la façon d'un vieux sportif de haut-niveau qui ne prend pas assez de Sporténine. Même pas le droit d'ouvrir la fenêtre. C'était injuste, on aurait juste voulu faire comme dans les films. Il a fallu se rabattre sur le couloir borgne et puiser dans son imagination pour y voir (avec un seul œil donc) une forme d'exotisme transsibérien. Déjà Vitry. Puis le silence artificiel des boules Quiès.
***
Gros Nounours et moi sommes arrivés à Valence d'Agen bien trop tôt. Un choc. Des gens vivent à cette heure-là, et à Valence d'Agen sous la pluie abondante de surcroit. Telle a été ma première révélation.
Pas une Vierge que l'on aperçoit depuis son balcon, non, mais tout de même une authentique surprise. Je me suis maudit publiquement d'avoir oublié mon pantalon de pluie et donc maudit tout court d'être de ce bad bad trip. Un café allongé, assis sur des chaises en skaï, un gros pot de miel pour nounours, le cœur était plus léger.
A Moissac le climat était un peu plus clément ; encore de quoi se maudire mais juste in-ti-me-ment (vous saisissez la nuance ?). Et nouvelle révélation : des gens vivent aussi à Moissac, équipés d'un accent pas immédiatement sexy mais destinés, eux, à d'autres tâches que marcher sous la pluie pendant leurs congés payés. Pas des idiots donc.
L'église de Moissac a ouvert ses portes et j'ai senti qu'il fallait suivre ce couple d'autochtones qui pressait le pas jusque la nef où un office commençait. A entendre les Sœurs chanter de leur voix cristalline, on s'est approchés. Nous étions moins d'une dizaine, Sœurs comprises, autant dire pas nombreux. Un des psaumes m'a touché jusque tard dans la journée. Jusque Malause, sur le bitume en bord de canal, jusqu'aujourd'hui. Gros Nounours chantait avec ferveur, les deux papattes bien rangées dans le dos. Il m'a fait penser à un enfant, ou plutôt non, à lui enfant.
***
La journée a été ponctuée d'averses et cela avait son importance. D'habitude, cela ne fait aucune différence, qu'il neige, qu'il blizzarde, que les criquets envahissent les cultures, que les abeilles s'égarent. D'ordinaire je vis entouré de dispositifs qui m'exonèrent de ces préoccupations et c'est tant mieux. Manquerait plus qu'une distraction m'éloigne de ma productivité cible chérie. Seul inconvénient à vivre ainsi préservé des contingences météo : s'inventer une nouvelle entrée en matière pour converser avec un ancien. Par chance on n'en croise pas beaucoup, des vieux. Et en entreprise, moins de risque encore, le ménage a été fait depuis bien longtemps.
Des gouttes de pluie donc, qui perlaient sur les équipements, puis postillons lorsque nos discussions s'animaient, des gouttes qui nous ont poussés à nous abriter au seuil d'une église. Ces gouttelettes n'existaient presque pas en somme mais ne cesseront pourtant de nous accompagner. Jusque dans ce bar improbable qui en avait assez de travailler et dans lequel Eddy Mitchell poussait les clients à rester pour un dernier verre.
Au loin la centrale nucléaire remplissait le paysage, une merveille de repère pour éviter de se perdre. De la vapeur d'eau s'en élevait, rien que de l'eau on nous dit, on y baignerait son bébé dans cette eau. Gros Nounours reprochait à cette centrale d'exister, comme un cousin un peu simplet qui fait honte devant les copains.
Quant à moi, c'est contre les voitures que j'ai plusieurs fois vociféré. Pourtant, à Paris, habitué à leurs flots incessants, je ne les entends plus. Mais ici, le long du canal, sans explication, le passage d'une seule me donnait des envies de meurtre.
La vie, c'est fou.
Nous nous sommes souvent arrêtés. Tout mérite une photo.
Une brindille, oh une autre, plus belle, plus courbée. Et là, mais oui, c'est un champ. Celui-ci n'est pas ordinaire, tirons lui le portait. Et ce petit pont, quel joli pont. Et cette bretelle de route nationale, quelle majesté.
Le village d'Auvillar n'a pas failli à la règle, photographié sous tous les angles.
Sauf sa librairie, qui sentait la mort et que j'ai quittée précipitamment. Nous avons trouvé notre hôtel, façon familiale. Nous y avons organisé un concours de longueur de jambes et je l'ai emporté en final face à Gros Nounours, d'une courte tête, un rien, une épingle à nourrice. Les alcools nous ont coloré les bajoues et fait se retourner les autres convives. La serveuse était grande et faisait la fierté de sa mère. Mais c'est le père, une fois le glas sonné, qui nous a « invités à rejoindre nos quartiers ». Une affaire de famille, je vous dis, originaire du Nord pas de Calais en plus. Des gens bien, quoi.
***
Nous avons quitté Auvillar à l'heure où le pèlerin traditionnel tartine son foie gras, et où l'autre camp avale son petit verre de blanc irrationnel. Gros Nounours en a fait des tonnes pour remercier nos hôtes. Je n'en menais pas large à la deuxième tournée de bises, ça me gênait. C'est bien plus tard que je me suis rendu compte du bien que recèlent ses bises. J'ai trouvé plus convenu le livre d'or de l'église du patelin. Des statues de saints, quelques maisons pas vilaines et une côte raide et droite comme un poteau. Le paysage changeait, la pétaudière de centrale nucléaire veillait toujours sur nous comme un suzerain sur ses sujets, moitié bienveillant, moitié capricieux. C'est bon de ne pas se savoir seul.
Quelques heures plus tard, équidistants de deux villages où trouver de quoi se restaurer, affamés, sacs vides, nous avons posé un genou à terre, non pour prier mais pour se suicider au chiendent et restes de biscuits secs ; de ceux qui trainent au fond d'un sac et que l'on garde pour l'ultime. Comme ces ampoules de cyanure que les agents du KGB gardaient toujours auprès d'eux, parait-il, au cas où, histoire de ne pas crever bras dessus bras dessous avec l'ennemi. Le chant du cygne aurait donc lieu dans ce trou perdu - comment tu l'appelles ce bled, Gros Nounours ? – Bardigues ? Autant se confesser avant, approchons-nous de cette minuscule chapelle. Discrète, plantée en contrebas du village, l'église ressemblait à celles brossées par les téléfilms. Tant mieux.
C'est alors que ma main a caressé une auberge (on peut caresser toutes sortes de choses, des croupes de chevaux, le front d'un enfant malade, des idées et donc des auberges). Là encore, un stéréotype, un restaurant et ses chaises modernes, des retraités, une terrasse pour la belle saison, un ou deux couples adultérins qui ne regardent personne, des rideaux épais, beaucoup de rideaux et très épais, des menus inspirés. Gros Nounours a abandonné son sac pour un prie-Dieu de la chapelle, là juste en face de la terrasse magique, un peu à l'écart, où l'on avait décidé de nous « installer », comme on dit dans les métiers de bouche. J'avais envie de remercier l'équipe d'Organisation, vous savez, celle sans laquelle…
Et puis Gros Nounours m'a rejoint. Nous avons déjeuné et beaucoup parlé.
***
Je ne pouvais pas en rester là, je voulais rester ici. Je me sentais bien. Il y avait des arbres, des champs, des chemins de terre, un monument aux morts, des maisons propres, des jardins bien délimités. Tout était prévu, il existait même malheureusement une route pour s'enfuir. C'était l'heure, encore quelques kilomètres à parcourir. Faut y aller, Monsieur, maintenant, ne faîtes pas d'histoires, ne nous compliquez pas la tâche. Résigné, et en vérité pour gratter quelques minutes, je me suis approché de l'église. Bonne pioche. A l'intérieur ses murs étaient blancs, les vitraux très clairs, il y régnait une atmosphère apaisée, débarrassée des habituelles glorifications. Le lieu ne me positionnait non pas en admirateur, ou visiteur, ou catholique mais en enfant. Très peu de saints, beaucoup de saintes, dont Sainte Bernadette. Derrière l'autel, point de Christ en croix mais une Vierge, vêtue de blanc, de bleu et d'or. Une église de mères, de femmes, de veuves, de sœurs aimantes, voilà ce que je me suis dit. Cette absence de représentation masculine, m'a évidemment évoqué les chapelles de bord de mer, où les femmes prient la fin de la tempête et le retour des équipages. Celles de Bréhat, de Saint-Quay Portrieux par exemple.
A droite de l'autel, encore une vierge, entièrement dorée. C'est Gros Nounours qui a souhaité que je la regarde et que je la laisse me regarder. Je n'ai rien compris. Au début, je me suis contenté d'obéir puis effectivement, ensuite, vaguement un truc bizarre. Ce n'est que plusieurs jours après que j'ai ressenti ce que bienveillance voulait dire pour moi. Depuis lors, je regarde sa photo en douce, de temps à autre. Et puis quand j'ai vraiment le cœur gros, je me téléporte là-bas pour me laisser regarder.
Nous avons marché toute l'après-midi sous un ciel traversé de nuages gris complètement hors de propos. Le bagage était lourd mais les vallons n'avaient pas raison de moi. Gros Nounours parlait beaucoup, on aurait dit une chanson. Chaque minute était exploitée et le paysage ne finissait pas. Je n'osais pas lui dire que c'était fabuleux, alors je parlais encore plus. Et on riait, de tout, de rien, et mon fardeau habituel s'allégeait. Le corps vers l'esprit et non l'inverse, le temps sans avoir à le justifier. Apparemment le vide, mais qui fait un gros boulot de vide, comme le dirait Gros Nounours.
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Nous sommes arrivés en vainqueurs au village de Miradoux (village à ne surtout pas confondre avec le moins connu « Le Miradoux » qui n'existe tout bonnement pas). Nous avons parlé à Thérèse puis avons posé notre sac au Bar de l'Etape. A ce moment de la partie, j'étais fier de mes chaussures crottées, de la petite sueur séchée derrière l'oreille, et de n'avoir rien lâché ; voilà c'est dit. Le bar de l'Etape est un établissement situé rue Charles de Gaulle (anciennement principale). C'est bien simple : vous laissez la maison de Thérèse sur votre droite (surtout pas à gauche sinon vous partez vers Cahors et c'est pas bon), ça monte un peu, puis encore tout droit, encore, encore et vous apercevrez le panneau Jupiler (les bières Jupiler). La supérette est tout proche, c'est pratique pour faire ses courses et s'instruire. Le bar de L'Etape est donc un lieu agréable qui accueille d'ailleurs des pèlerins en saison haute. Le contact s'est tout de suite établi avec les autres clients de l'établissement. C'était les mêmes que ceux qui fréquentent un autre troquet, le Café des Voyageurs de Veules-Les-Roses en Normandie, mais c'est une autre histoire…
Les clients ont immédiatement adopté gros Nounours et ont trinqué plusieurs fois avec nous sur la minuscule terrasse, un bout de trottoir. Une fois par minute une voiture passait, et on la regardait pour en reconnaître l'occupant et saluer. Il y avait plein de métiers différents qui défilaient, des fourgonnettes notamment. On était acceptés. Une heure de plus et l'accent me venait. J'aurais aimé que cela continue les trois prochaines années, en plus de l'ivresse du vin perdu.
Nos femmes sont arrivées, également en vainqueurs (Les vainqueurs, c'est une Race qui interdit les couples mixtes) à bord d'un beau taxi. Nous étions contents de nous retrouver mais avec une infime crainte de se voir autrement, comme au seuil d'une douche collective quand on a douze ans.
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Ma femme s'appelle Sylvie et travaille dans un bureau à Neuilly sur Seine. Ce jour-là, elle portait un pantalon de randonnée et a fait mine que c'était normal, sa tenue de tous les jours en quelque sorte. La femme de Gros Nounours s'appelle également Sylvie et travaille tout autant dans un bureau, mais à Paris et avec des chaussures à talons. Chez cette dernière, cela semblait plus facile, moins empruntée. J'ai embrassé la mienne pour l'encourager et lui dire que je l'aime, surtout quand elle essaie de cacher sa timidité.
Nous avons dîné dans une belle demeure au centre du village. Nos hôtes ne pipaient pas mot et Gros Nounours servait le vin pour toute la tablée. Visiblement peu habitué à recevoir des invités et encore moins préparé à des clients aussi…présents que nous, ce couple récemment expatrié de Toulouse m'a semblé effrayé et amusé à la fois.
Le lendemain, après avoir fait causer la maitresse de maison, lui avoir fait tamponner la Crédentiale, nous avons salué une dernière fois, sans prendre aucune photo de cette femme mais de nombreuses de la maison. L'église subissait de profonds travaux. Des plastiques bleus remplaçaient certains vitraux endommagés. La crasse assombrissait les tableaux. Et un rayon de lumière brillait là où il ne le fallait pas. Bref, c'était le foutoir, on a filé sur le Chemin.
Le Chemin de Compostelle alterne entre sentiers étroits, pistes plus larges et routes bitumées. Ces variations structurent les échanges entre ceux qui le sillonnent. Le chemin sélectionne le nombre d'interlocuteurs, oblige à choisir, contraint à varier les auditoires et donc les propos. Alors forcément, le chemin fait presque partie du groupe, comme une main invisible. Parfois, lorsque le chemin est grignoté par les fougères, il devient si étroit qu'il ne permet le passage que d'une personne à la fois. Alors, tout le monde se tait, même moi. C'est agréable.
Lorsque j'ai vu ce château en ruine sur sa colline, j'ai essayé de convaincre mes camarades que l'on devait s'y arrêter pour déjeuner. Gros Nounours s'est montré peu enthousiaste, voire carrément hostile mais un vote a eu raison de son appréhension. On a tout déballé au beau milieu des herbes, non sans avoir vérifié que le lieu disposait des « bonnes couleurs », que le lieu était accueillant (dirait-on en bon français). Ensuite, repus et apaisés, nous nous sommes endormis en plein soleil, loin de toute vicissitude. Au réveil, nous avons écouté Daniel Darc sur un baladeur. La voix de ce brigand en sursis collait parfaitement avec cette expérience. C'était du braconnage, on était en fuite, sans doute un peu grisés en vérité.
Le reste de la journée s'est accompagné de chants plus ou moins inspirés, du spectacle partout, des papillons et des fleurs en grandes quantités.
Nous parlions moins, les pas étaient plus lourds. Après un bosquet, le chemin nous a fait traverser un grand champ légèrement en dévers. J'y ai ressenti un net sentiment d'insécurité, l'impression d'être à portée de fusil. J'ai pensé à la guerre et à des blessés gisant jadis à cet endroit précis. Vous dire de quel camp ils étaient…
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En quête de notre toit pour la nuit, nous avons d'abord atterri par erreur dans une petite ferme un peu décatie. Cela sentait bon l'atmosphère peau de vache de patriarcat fin de règne, façon vivement que le Vieux il canne. Mais au milieu de ce théâtre, comme une intruse, on trouvait une femme aux mains d'argent, qui bichonnait des rosiers par dizaine. Sans nous connaître, ou bien justement pour cette raison, elle nous a avoué qu'elle aimait rien tant que jouer du sécateur dans sa parcelle, en attendant de jouer du couteau de cuisine sur la jugulaire du papy s'il n'en finissait pas de nous emmerder. Prise littéralement d'amitié pour nous, elle nous a convoyés en fourgonnette jusque notre vrai lieu de villégiature. On s'est dit au revoir, rendez-vous aux Assises.
C'était une immense ferme aux pierres épaisses. Entourée d'une pelouse rasée de frais, gardée par deux doberman, on était loin de la ferme à faits divers.
Cette maison avait accueilli des bambins, qui aujourd'hui ont de la barbe et un début de calvitie. Les papiers peints n'ont pas été changés, trop de peine. Une fois pris confiance dans ses larges couloirs, une fois acceptés par ses vieux meubles vides et fonctionnels, nous nous sommes profondément attachés au lieu. Il nous a même été très douloureux de le quitter le lendemain. On a promis de revenir, mais on aurait surtout voulu l'acheter, la bâtisse.
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Le lendemain, la chaleur et les courbatures s'annonçaient crânement mais face à cette adversité notre attitude collective était, disons, professionnelle. Nos regards étaient déterminés, le planter de bâton solide. Les équipements de compétition jouaient admirablement leur rôle. Seule ma gourde…Ma gourde. Dotée d'un tuyau façon « marche dans le désert », elle m'attirait les sarcasmes depuis le début de l'aventure. Je la défendais, pied à pied, jusque l'absurde. Et ce d'autant plus s'intensifiaient les feux nourris des basses attaques de ceux que j'avais longtemps considérés comme des amis. Lesquels ignoraient que cette gourde, non contente de me ridiculiser, distillait de surcroit une eau à goût de plastique.
Je m'entendais encore penser au jour de constitution du paquetage : « « rincer abondamment avant usage », foutaise, c'est fabriqué en environnement stérile ces trucs-là et puis les plastiques modernes ça ne donne pas de goût aux aliments ». Mal m'en a pris. Alors, pour l'éternité, tu mentiras comme un arracheur de dents et mourras dans d'atroces douleurs. Je pompais donc ostensiblement le petit tuyau et m'éloignais pour recracher le breuvage écœurant. Mais comment boire pour de vrai ? Les fontaines de village d'abord (classique, efficace). Puis les bouteilles amicales qu'on me tend et que j'accepte en disant tiens ça me changera du tuyau. Enfin, les pauses-bistrot exploitées à fond (moi euh…je vais prendre trois Orangina, oui oui trois, dont deux à emporter). Promis, après cette aventure, j'arrête l'amour-propre.
L'itinéraire nous a menés sur des chemins très verdoyants, oui très, et vallonnés, à la limite du pittoresque. Nous avons pris de nombreuses photos, notamment de fleurs et de champs.
La largeur des chemins du jour incitait à créer des binômes et ceux-ci ont beaucoup varié. Les discussions ont été de confidences, parfois planantes, parfois émues. La destination était le village de Lectoure, ancienne ville agricole et opulente. La dernière ligne droite était une sévère montée, qui fait tirer sur les cuisses. Je l'ai gravie comme un grand, avec le plaisir de la fin de course à pieds lorsque l'on ne sent plus rien, que l'on pense avancer comme un athlète et qu'en en réalité c'est risiblement lent, comme un cul-de-jatte poursuivi par des flammes.
Pour parvenir au centre de Lectoure, il faut laisser le cimetière sur votre droite. Il est normal. Mais nous, les marcheurs, (surtout quand notre gourde empeste le plastique) nous les cherchons systématiquement, les cimetières, car nous, les marcheurs, sommes sûrs d'y trouver un point d'eau ; les morts ça boit beaucoup d'eau et ça ne donne aucun goût aux aliments. Celui de Lectoure ne figure pas dans le guide touristique. Il le pourrait s'il existait un ouvrage ciblant les défunts soucieux de bien-être. En vérité, je n'ai jamais connu plus bel endroit pour pourrir, à flanc de colline, vue dégagée, bien entretenu. Ayant toujours rêvé d'une demeure surplombant une vallée, j'ai appris ce jour-là que c'était un rêve désormais accessible.
En revanche, l'hôtel de Lectoure m'a tout de suite déplu. Une grande demeure bourgeoise, sûre de son bon goût, épatante de propreté, forte en coussins et tentures. J'ai décrété vouloir passer un maximum de temps hors de ses murs. Aussi, après un passage épique à la fête foraine du patelin, nous avons échoué dans un restaurant thaïlandais dans la rue principale, sur une terrasse en bois coincée entre deux voitures. Pour rendre l'endroit accueillant, le restaurateur avait disposé quelques minuscules pots de fleurs aux quatre coins de ce ring précaire. Des géraniums. Si l'on ne les écrasait pas, on les aimait. Je les ai photographiés en songeant que je les voyais pour la première et la dernière fois. Nuit torride, nuit de Chine, tu ne nous auras pas laissé le temps de nous donner des nouvelles. Nuit torride, nuit de Chine, toujours les amants tu sépares.
Le lendemain matin, nous avons arpenté cette même rue principale à la recherche de présents pour nos proches. Jamais un voyage sans artisanat, sans un cendrier en terre cuite ou une spécialité culinaire locale. En ce dimanche, un office était célébré dans la grande et belle église de Lectoure. Les pèlerins y étaient désignés à voix basse avec bienveillance. Suffit d'un bâton et d'un sac à dos, idéalement les cheveux bien dégagés derrière les oreilles. Cela ne m'a pas dérangé de passer pour plus pieux que je ne suis en réalité, c'est faire partie d'un club. Mais les sourires compassés ont fini par m'exaspérer et carrément m'horripiler quand j'ai récupéré ma monnaie à la boulangerie sous les yeux d'une haie de quinquas dévots et attendris qui opinaient en rentrant ostensiblement la lèvre inférieure. J'étais à deux doigts de leur faire un doigt et puis non. Ça allait avec le reste, je l'avais bien cherché finalement.
Mais déjà le village de Marsolan, qui signifiait la fin du périple. Je redoutais cette station, ce moment intermédiaire, inutile postface aux variations qui la précèdent. En réalité, cela ne s'est pas passé comme attendu, ça allait être un zénith.
On s'est installés à proximité d'une église (oui, encore une, je sais), mais qui avait portes closes. Fatigués, sujets ordinaires épuisés, on ne parlait quasiment plus. Petit vague à l'âme, profonde inspiration avant la longue apnée. Il ne se passait rien, apparemment. Mais à y regarder de plus près, c'était en définitive exactement l'inverse. Chacun était enfin ce qu'il est vraiment (sans doute).
Gros Nounours, adossé à un arbre, méditait discrètement en respirant bruyamment, moitié ténébreux moitié apaisé. Sa Sylvie bougeait, projetait, visitait les alentours, partait à la rencontre du moindre humain disponible. La mienne, respirait à pleins poumons, sans saccades, filmait la voute céleste, les feuilles, enregistrait toute sensation utile, captait le bruissement des feuilles, me regardait. Quant à moi, assis en tailleur comme je l'ai si longtemps fait au milieu de l'enfance, j'écrivais sur un carnet sans lever la tête, appliqué (sourcils convexes), poignet gauche noirci.
Je m'en rends compte aujourd'hui, cet accès intime à soi, apparemment spontané, ne s'est pas produit sans effort. Il a nécessité au préalable de se délester des couches successives qui nous enrobent et – parait-il - nous contiennent. Nous font nous lever le matin et nous maintiennent continuellement endormis. Il avait fallu des paysages et des fleurs, quelques kilomètres de marche, des animaux de tous gabarits, une centrale nucléaire qui produit de l'eau bien propre, des verres d'alcool, un trajet en train de nuit, des rencontres sans sélection, des chansons cons et enfin une heure à tuer, invisible sur un agenda, à proximité d'une église verrouillée, pour que le temps s'engage autrement. Pour que les cloportes songent à se refaire une garde-robe.
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Maintenant, c'est nécessairement un peu différent.
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« Ce qu'on regarde en face.
Ce qu'on ne veut pas voir.
Nous avons tous deux visages.
Un courage.
Une vérité.
Un mensonge.
L'homme monolithe est un monstre.
L'homme multiple est un homme. »
Patrick Sébastien,
« Le plus grand Cabaret du Monde »,
Editions Flammarion, 2008
Je tiens à remercier les personnes qui m'ont aidé à m'engager sur le chemin de Saint Jacques, ou qui partagent ce chemin avec moi :
1 - le Président de l'association Compostelle 2000, selon lequel le chemin de Compostelle se doit d'être parcouru à pied depuis le Puy en Velay (chemin appelé auparavant la "Via Podensis", aujourd'hui suivie pour l'essentiel par le le GR65), et non à vélo depuis Saint Jean pied de Port, comme je l'avais initialement envisagé : http://www.compostelle2000.com/
Certes, il s'agit de près de 1600 km à parcourir à la place de 800 km, et de plusieurs mois à la place de quelques semaines, mais la beauté des paysages parcourus, le bonheur et la plénitude ressentis compensent totalement l'ampleur de la démarche.
2 - Henri, aujourd'hui en Espagne, a fini de me convaincre avec
3 - Sylvie, mon amie, partisane elle aussi de la version à pied et sur toute la distance du chemin.
4 - Laurent nous a accompagné sur le chemin jusqu'à Figeac, malgré des baumes du tigre parfois trop vigoureusement conseillés...
5 - ma tante Marie-José, qui a rédigé le récit d'un pèlerin du Puy en Velay à Moissac. Depuis une rapide formation en ravitaillement de sandwichs et en réservation de chambres d'hôtes, elle est parfaitement opérationnelle pour accompagner tout pèlerin en marche vers Compostelle.
6 - mon ami Erwan pourrait, depuis notre randonnée commune de Moissac à Marsolan, aller jusqu'au bout du chemin, comme son texte « Petit animal arthropode, Court récit » le souligne. Sa femme Sylvie, avec le merveilleux morceau « le Seigneur est mon Berger » de Daniel Darc, http://www.youtube.com/watch?v=912jIpcj7lg&feature=related, pourrait bien l'y accompagner.
Pour entreprendre le chemin et réaliser ce photo-blog, plusieurs outils ou utilitaires informatiques gratuits /freeware ont été utilisés. Je souhaitais depuis longtemps remercier les auteurs de ce type d'outils, petits bijoux que j'utilise depuis plus de vingt ans. C'est chose faite à présent.
J'indique également ici des sites Internet intéressants et utiles pour le pèlerin, et des liens vers des sites qui permettent de mieux faire connaître compostelleforever :
1 - le site www.blog4ever.com , hébergeur de ce photo-blog , offre, même en version gratuite, plus que l'essentiel des fonctionnalités nécessaires à la création et à l'entretien de blogs.
2 - le site www.accuweather.com/ permet d'anticiper la météo jusqu'à 15 jours, avec une précision étonnante, même sur les plus petites localités du chemin
3 – le site googlemaps (http://maps.google.fr/ ) permet non seulement de visualiser son chemin, avec des photos quasiment ville par ville, mais aussi de trouver des hôtels, chambres d'hôtes ou autres lieux parfois non indiqués sur les ouvrages de référence, tels que les incontournables topos guides, (www.ffrandonnee.fr/ , chemin de grande randonnée 65 - « Gr 65 » - pour Compostelle)
- le site viamichelin permet de mieux se situer sur le chemin et ses alentours ( http://www.viamichelin.fr/ ).
4 - le site http://www.chemindecompostelle.com/, avec des cartes étape par étape du chemin, en France ou en Espagne, indiquant les principaux lieux de gîte et de couvert (site réalisé par les auteurs des très connus et utilisés sur le chemin "Miam-miam-dodo sur le GR 65" & "Miam-miam-dodo du Camino Francés")
5 - pour les photos, le logiciel IrfanView (www.irfanview.com) permet de réaliser les tâches essentielles sur les fichiers photos, .jpg ou autres (importer, recadrer....)
6 - pour le traitement de textes, la suite logicielle Openoffice (http://fr.openoffice.org/ ) est une merveille, très comparable à la suite Office de Microsoft (Word, Excel, Powerpoint...), sans en avoir le coût.
7 - le navigateur Firefox est parmi les plus rapides et ergonomiques aujourd'hui pour visiter des sites (http://www.mozilla-europe.org/fr/firefox/ )
8 - l'anti-virus Avast ( http://www.avast.com/fre/download-avast-home.html ), les anti-spywares et mailwares Spybot ( http://www.safer-networking.org/fr/index.html) ainsi que SpywareBlaster (http://www.javacoolsoftware.com/spywareblaster.html ) maintiennent un ordinateur en bon ordre de marche
- CDBurnerXP (http://cdburnerxp.se/download) permet de graver ses photos et autres données
- Super de transformer des données vidéo ou audio dans quasiment tout type de format ( http://www.erightsoft.com/SUPER.html )
9 - les sites de référencement de sites ou de blogs tels que http://www.boosterblog.com/,
ou
Gralon |
qui permettent de faire partager ce site à plus de visiteurs, mais aussi :
http://www.etoile-blog.com/http://www.annuaire-blogs.net/
http://www.web-libre.org/
http://www.meilleurblog.net/
http://www.coteblog.com/
http://www.gralon.net/
http://www.pubgratuit.net/
http://www.sliceblog.com
referencement gratuit
referencement
SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE, CARTES:
PARTIE FRANÇAISE ET DEBUT DU CAMINO FRANCES (ESPAGNE)
NB 1
- TO READ THE SAINT JAMES WAY WIKIPEDIA TEXT IN THE MENTIONED LANGUAGES, CLICK ON THE HTML LINKS ABOVE
- POUR LE TEXTE WIKIPEDIA SUR SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE DANS CHACUNE DES LANGUES MENTIONNÉES, CLIQUER SUR LES LIENS HTML CI-DESSUS
NB 2
I - Cartes générales du Chemin de Compostelle
Carte 1 : Chemin de Saint Jacques du Puy en Velay à Saint Jacques de Compostelle
Carte tirée de Manfred Zentgraf (http://www.jakobuspilger-zentgraf.de),
reproduite dans Wikipedia,
v° "Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle".
2 - Carte du chemin de Saint Jacques de Compostelle récapitulative des grandes étapes du parcours détaillé dans ce blog
Source : Voir la carte dans Google Maps
II - Cartes Google Maps détaillées du chemin suivi
Conseils de lecture et d'utilisation des cartes :
- 1 : Cliquez sur le titre/lien de chaque carte pour la voir apparaître directement détaillée dans Google Maps
- 2 : Les cartes reproduites ici mentionnent en violet le chemin parcouru, et les points verts les lieux d'hébergements retenus lors de mon parcours : gîtes, chambres d'hôtes, hôtels
- 3 : Google Maps est en version beta pour la partie itinéraires "à pied" ; même si elles ne suivent pas en détail le GR 65, qui sert d'axe au chemin en France, les cartes indiquées donnent une première notion du parcours, des villes ou villages visitées ainsi que des distances parcourues
- 4 : La lecture des cartes s'effectue selon l'orientation du chemin : de la droite vers la gauche des cartes, et, en principe, du haut vers le bas.
- 5 : Pour trouver la plupart des lieux d'hébergements, de ravitaillement et de restauration possibles sur le Chemin de Compostelle, voir :
- les lieux indiqués sur les cartes très détaillées du site chemindecompostelle.com pour la partie Française,
- "le miam-miam dodo du camino frances" pour la partie Espagnole
- voir aussi les cartes indiquées sur le site aucoeurduchemin.org, la bibliographie exhaustive de cartes sur www.xacobeo.fr
et celles rapportées sur www.saint-jacques.info/
- 6 : Le numéro de chaque carte retenu ci-dessous est identique à celui de la période de marche détaillée dans la partie photo de ce blog
Carte 1 : Carte du chemin de Saint Jacques du Puy en Velay à Saint Chely d'Aubrac
Agrandir le plan" >
Agrandir le plan
Source : Carte réalisée avec Google Maps
Carte 2 : Carte du chemin de Saint Jacques de
Source : Carte réalisée avec Google Maps
Carte 3 : Carte du chemin de Saint Jacques
de Figeac à Bach
Source : Carte réalisée avec Google Maps
Carte 4 : Carte du chemin de Saint Jacques de Bach à Moissac
Source : Carte réalisée avec Google Maps
Carte 5 : Carte du chemin de Saint Jacques de Moissac à Marsolan
Source : Carte réalisée avec Google Maps
6 - Carte du chemin de Saint Jacques de Marsolan à Miramont-Sensacq
Source : Carte réalisée avec Google Maps
7 - Carte de Miramont-Sensacq à Pampelune/Pamplona